Brigitte Couhé : "Je ne suis pas zen quand il y a de grosses tempêtes"

Partagé le 12/08/2020

Brigitte Couhé se bat depuis vingt ans pour sauver sa maison de l'érosion des dunes.

Vivant à Wissant (Pas-de-Calais) depuis trente ans, Brigitte se bat depuis vingt ans pour sauver sa maison de l'érosion des dunes. Et ne pas la voir emportée par la mer. À découvrir sur France 5, diffusé le mercredi 12 août à 20h50, dans Sale temps pour la planète ! Pas-de-Calais, des hauts et des bas.

Quand vous avez fait construire votre maison en 1990, personne ne vous a avertie des problèmes d'érosion des dunes et de l'avancée de la mer ?

Brigitte Couhé : À l'époque, le phénomène était inverse : il y avait trop de sable. Quand on a acheté le terrain, il y avait 250 mètres de sable entre la mer et nous. Aujourd'hui, on n'a plus que 60 m. Un voisin n'a plus que 38 m. Quand l'érosion a commencé à cause du réchauffement climatique, des blockhaus sont tombés des dunes dans la mer. Après un accident, il y a cinq ou six ans, la mairie a retiré les autres blockhaus et les fortifications du Mur de l'Atlantique qui nous protégeaient. La mer tapait dedans et les vagues se cassaient. Maintenant, c'est la catastrophe. À chaque tempête, ça dégringole et ça part. Une fois, on a perdu 30 m de dune en une nuit.

Vivez-vous dans la peur de voir votre maison emportée par la mer ?

Je ne suis pas zen quand il y a de grosses tempêtes mais il ne faut pas s'affoler non plus. À moins d'un coup de vent extraordinaire, tout ne va pas partir à l'eau demain. On parle de cinquante ans. Je ne serai plus là pour le voir mais nous avons envie de laisser un patrimoine à nos enfants.

Quelles sont les solutions ?

Avant les tempêtes d'hiver, la Communauté de communes met un peu de sable devant la dune pour protéger nos maisons. Quand la mer monte, elle mange ce sable-là plutôt que la dune. Il faudrait aller plus loin et faire une prolongation de la digue en cailloux, mettre des enrochements pour couper les courants. C'est à la marée montante que tout part. Il faut ralentir tous ces courants.

Il y a aussi le projet de rendre ces terres à la mer...

Mais cela veut dire exproprier et enlever 250 maisons ! Où irait-on ? Il n'y a plus de terrain à Wissant. On a acheté ici pour être au bord de la mer. J'y suis bien. Et puis, cela veut aussi dire que tout le bas de Wissant partirait à l'eau. Wissant n'existerait plus s'il ne restait que le haut de la ville. C'est le bas et son patrimoine touristique qui attirent les gens : la plage, la mer, les magnifiques balades entre le cap Blanc Nez et le cap Gris Nez, les vues extraordinaires. On peut même voir l'Angleterre par beau temps. Le village est très mignon avec ses petites maisons de pêcheurs, ses ruelles fleuries... On ne veut pas perdre ça.