Tempête Ciaran: Jules Denel, Sylvain Bourlard, Nicolas Quéméner and friends face aux éléments déchaînés !

Partagé le 04/11/2023

Dans la nuit du 1er au 2 novembre, la tempête Ciaran a soufflé fort, très fort dans le quart nord-ouest de la France. De quoi faire la joie, le lendemain, de quelques vaillants windsurfeurs, à l’image de Jules Denel, Nicolas Quéméner et Sylvain Bourlard…

La tempête Ciaran a évidemment marqué les esprits de millions de Français, par son passage tonitruant dans la nuit de mercredi 1er à jeudi 2 novembre. On retiendra notamment les 207 km/h enregistrés dans le Finistère, à la pointe du Raz !  Les rafales ont été exceptionnelles, et des records sont tombés ailleurs dans le Finistère, le vent soufflant à plus de 190 km/h à Batz, Brignogan et à la pointe Saint-Mathieu notamment.

Le lendemain, chaudement équipés, plusieurs windsurfeurs se sont jetés à l’eau pour profiter des vents et des vagues créés par la tempête Ciaran. Au menu, du waveriding extrême !
Ainsi, le pro rider nordiste Jules Denel, tout juste rentré de l’Aloha Classic à Hawaii, a défié sans trembler – et avec le décalage horaire dans la figure ! - les vagues situées près du Cap Gris-Nez, dans le Pas de Calais. Les vents y ont ainsi dépassé les 160km/h en pleine tempête…

Jules Denel s’est confié à Windmag sur cette session immanquable, vécue avec Sylvain Bourlard, Louis Depoers, Florent Pellerin et Guillaume Darras. 
« Je devais repartir de Maui le 4 novembre mais il y avait des conditions chez moi, notamment cette grosse tempête Ciaran qui arrivait. J’ai donc décalé mon billet de Maui pour rentrer plus tôt et affronter cette tempête. Les conditions les plus fortes étaient attendues hier jeudi matin entre 10h et 12h, quant à moi je suis arrivé à 9h à Bruxelles. J’ai récupéré mes bags et j’ai tracé. Sur la route c’était un carnage, à Wissant il y avait entre 60 et 80 nœuds entre 10h et 12h ! Je suis arrivé à midi, j’ai fait une petite sieste d’une demi-heure car j’avais 12h de décalage horaire dans la « tronche ». Je n’avais pas réussi à dormir dans l’avion, avec l’excitation… Nous sommes allés à Tardinghen car il y avait des interdictions de naviguer à Wissant, qui n’étaient pas forcément justifiées. Les autorités n’avaient en effet rien interdit de 9h à 11h, alors que ça soufflait le plus fort… C’était une super session, le vent était beaucoup moins fort que le matin, dans les 40 nœuds. En revanche, il y avait de la grosse houle, il faisait assez froid… C’était plutôt hardcore ! On a ridé une heure et demie/deux heures, dans des conditions qui se prêtaient davantage aux sauts. Le vent était passé ouest et le spot était un peu retourné… J’adore dépasser mes limites et naviguer dans des tempêtes ! J’aurais aimé naviguer le matin, dans la cartouche atomique, mais ça n’a pu se faire cette fois-ci. Je me tiens prêt pour l’hiver pour les prochaines grosses tempêtes. J’ai désormais une 2.9 en voile, cela permet d’aller vraiment dans les conditions extrêmes et de pouvoir se surpasser... et c’est cela que je recherche ! »


Sylvain Bourlard a également conté cette session dantesque à Wind : "Nous nous sommes pointés ce jeudi 2 novembre au matin à Wissant mais c'était hyper off, il y avait 60 noeuds en moyenne avec des rafales à 87 noeuds. Ce n'était clairement pas navigable... On a attendu, sur le coup de midi le vent a tourné davantage side, c'était démonté mais cela devenait envisageable. La digue était cependant fermée par arrêté municipal, nous nous sommes donc motivés pour partir à Tardinghen. Le vent était parfait, side avec marée haute. Il y avait un coup à faire... Nous sommes allés voir à 13h, puis on s'est mis à l'eau. Et là, nous avons tout eu : des éclaircies, des rafales de vent de dingue, de la pluie... Mais c'était magnifique, nous étions au milieu de creux de 5-6m et c'est ce qui nous motive à affronter ce genre de conditions ! En fait, les tempêtes, ce n'est pas là où tu vas envoyer du lourd, mais c'est là où tu te dépasses... C'est un défi par rapport à toi-même et aux éléments, et ce sont des images que tu gardes en tête. Tu évolues dans des creux monstrueux, il y a des couleurs de dingue, par contre tu n'y vas pas tout seul ! Nous étions cinq ce jour-là, il y a Olivier Caenen qui est par ailleurs venu shooter et cela fait des souvenirs, c'est top aussi. J'étais en 3m2 et 69L, on a pu envoyer quelques gros jumps, faire quelques surfs, garder des images plein la tête... C'est pour cela que l'on y va, pour rêver et c'est ça qui fait le sport ! Dés qu'il y a de grosses conditions, on est toujours prêts à les affronter. Il ne faut cependant pas faire n'importe quoi, il ne faut pas y aller seul et on doit être entraîné et préparé !"



Louis Depoers, windsurfeur amateur et ami de Jules Denel, nous a à son tour livré son témoignage : « J’ai voulu me rendre sur cette session pour créer des espaces de liberté, notamment dans le futur pour mes deux enfants de 4 et 2 ans, et pour ressentir de l’adrénaline ! Nous devions rider à Wissant mais des policiers étaient là et nous empêchaient d’y aller. Nous avons donc migré à Tardinghen. Je pense que nous avons une expertise de la mer, plus grande que ceux qui interdisent. On sait quand il faut y aller et quand il ne faut pas… Le matin, il y avait vraiment trop de vent, on en a tous conclu que l’on n’irait pas naviguer. L’après-midi, le vent a baissé, il y avait quand même de grosses claques mais c’était tout à fait acceptable. La session était top, on a pu partager un grand moment avec les copains et le photographe Olivier Caenen a immortalisé des clichés magnifiques ! Il s’est déplacé, il a pris une "drache" énorme dans la figure, il s’est donné pour sortir des superbes images… On a bien profité ! »



Florent Pellerin a également accepté de répondre à Windmag : " On est contents d'avoir ce genre de tempêtes dans le Nord, cela arrive deux à trois fois par an... Nous attendons toujours cela avec grande impatience, on peut sortir les petites voiles ! C'est un bon moment de partager sur l'eau dans des conditions un peu exceptionnelles, avec des belles lumières, des grains, de la pluie, du soleil juste après... Lors de cette fameuse session, le vent était fort, on était avec des petites voiles entre 3 et 3.3, pour environ 3m de vagues. C'était difficile à cause des grains, le vent fluctuait en effet beaucoup. Il pouvait complètement tomber et nous étions parfois obligés de sortir de l'eau, avant d'y retourner cinq minutes après, en 3m, full taquet ! On s'est tous bien amusés et on a tous passé un bon moment !"



Enfin, terminons par le Wissantais Guillaume Darras : " Arrivés à Tardinghen, nous avons gréé 3 et 3.3. Il y avait tout juste assez de vent au début mais suite à un énorme grain, nous avons pu nous mettre à l'eau... c'était top ! Jules nous a rejoint en provenance d'Hawaii, c'était vraiment sympa de naviguer à 5, entre potes au milieu de la tempête. Il y avait de belles éclaircies, des grains, de la pluie... Olivier Caenen est venu nous prendre en photo et a lui aussi vraiment affronté la tempête, chapeau à lui ! Une bonne session au final, plutôt orientée sauts, sur un spot qui est un peu un chantier, cela lève gros au loin... On a parfois 4-5m de houle, qui casse, il faut donc faire attention lorsque l'on saute loin à ne pas perdre son matos ! Nous jetions un oeil les uns sur les autres. On peut se dépasser dans ce genre de tempêtes, c'est vraiment cool !"