Hauts-de-France Innovation Tourisme a animé, le 17 novembre à Boulogne-sur-Mer, une table-ronde sur les conséquences du changement climatique sur le tourisme littoral.
Dans le cadre de la semaine du festival «Innovations, Mers & Littoral», Hauts-de-France Innovation Tourisme (HIT) a programmé, le 17 novembre dernier, une table-ronde, au Living-Lab de Nausicaa à Boulogne-sur-Mer, qui a fortement résonné avec l’actualité. En effet, nul besoin de faire référence aux inondations locales pour convaincre que la mobilité du trait de côte est devenue l’une des principales (sinon la plus importante) problématique de toute activité touristique littorale.
Pour y répondre, l’animateur Ange Pozzo di Borgo avait invité trois voix bigarrées pour éclairer la trentaine de personnes venues assister aux échanges. En piste, Dominique Cocquet, qui a successivement dirigé le syndicat mixte Baie de Somme, EuroDisney France et l’enseigne Villages-Nature. A ses côtés, Pauline Haultcoeur, géographe, littoraliste et doctorante et la cheffe d’entreprise Laurianne Kochman, fondatrice du restaurant nomade Cool K’Cahuète complétaient la table. Premier constat, articuler tourisme littoral et changement climatique, c’est réfléchir à un autre mode de consommation. «Il y a une volonté, qui date d’avant le covid, de se rapprocher de la nature. Il y a également une prise de conscience générale de notre impact sur notre environnement. C’est aussi le paradoxe de la métropolisation de l’habitat et le souhait d’un retour à la nature» pointe Pauline Haultcoeur.
Une accélération du recul des dunes
Une nature qui apparaît tourmentée et changeante au regard des derniers rapports scientifiques. Depuis les années 1970, les dunes de Merlimont ou de Berck ont reculé d’environ quarante mètres, faisant craindre, au fil des tempêtes, une disparition de la plage et de la digue commerçante. La mer monte à rythme plus vif, moins de 20 centimètres entre 1901 et 2011 et 6,7 mètres entre 1993 et 2014*.
Les (petites) communes ne peuvent naturellement pas faire face à des investissements lourds et récurrents. Pourtant, le risque est grand de voir disparaître peu à peu les paysages qui donnent son attractivité à la côte des Hauts-de-France. «Il y a des disparités importantes sur la Côte d’Opale entre le sable, les falaises ; on observe des reculs jusqu’à quatre mètres par an sur le trait de côte, comme à Wissant ou à Groffliers par exemple. Il faut comprendre que les écosystèmes sont aussi les remparts pour les habitations» explique encore la chercheuse.
Tensions entre riverains, associations et collectivités
Dans une étude cartographique publiée en décembre dernier, les chercheurs(ses) Arnaud Héquette, Marie-Hélène Ruz, Olivier Cohen et François G. Schmitt du laboratoire d’Océanologie et des Géosciences et de l’Université du Littoral et de la Côte d’Opale, font l’état des lieux. L’occasion de souligner les impacts et les évolutions environnementales. «Deux sites sont particulièrement représentatifs : le littoral de la Baie de Wissant et celui du Platier d’Oye où le recul du trait de côte menace plusieurs biens immobiliers, ce qui cristallise des tensions entre riverains, associations de défense des sites, élus et collectivités territoriales» y lit-on. Et les auteurs de préciser que des cartes prospectives du littoral à l’horizon 2065 ont été produites pour ces deux communes littorales afin d’identifier les zones qui seront vraisemblablement les plus à risques dans le futur.
Et les spécialistes de se faire plus précis à Wissant : «L’intérêt de ce site tient également au fait que le recul du trait de côte y est extrêmement rapide, atteignant plus de 5 m par an par endroits depuis le milieu du XXe siècle. Cette érosion menace des habitations situées en arrière de la dune d’Aval qui se trouve immédiatement au sud du village et de la digue promenade». Par ailleurs, le marais de Tardinghen, qui fait partie du parc naturel régional des Caps et marais d'Opale créé en 2000, risque également la submersion. «Ce qui entraînerait des modifications en matière de biodiversité et d’utilisation du marais» souligne le rapport. De quoi être plus lucide pour investir encore dans le tourisme régional.
Source : Le climat en France au XXIe siècle, Jean Jouzel.
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