Sur les plages de Wissant, dans le Pas-de-Calais, les vestiges du Mur de l’Atlantique suscitent toujours des interrogations concernant la sécurité publique.
Bien que la plupart des blockhaus aient été détruits entre 2011 et 2013, certaines zones restent interdites d’accès aux visiteurs en raison des dangers persistants liés à ces fortifications de la Seconde Guerre mondiale.
Une histoire marquée par les accidents
La dangerosité des blockhaus de Wissant n’est pas une préoccupation récente. En août 2007, un accident mortel a marqué les esprits : un touriste allemand est décédé après avoir plongé du sommet d’un blockhaus, ne se doutant pas de la présence de blocs de béton sous les flots.
Cet événement tragique a conduit la commune à être condamnée à verser 260 000 euros de dommages et intérêts à la famille de la victime, malgré l’arrêté d’interdiction de baignade en vigueur dans cette zone.
Les risques identifiés pour le public
Dangers structurels
Les blockhaus abandonnés présentent plusieurs types de risques majeurs :
- Effondrement : Les structures en béton armé, vieilles de plus de 80 ans, se dégradent progressivement sous l’effet du vent marin et des intempéries.
- Ferrailles dangereuses : Les armatures métalliques corrodées affleurent et peuvent causer des blessures graves.
- Chutes : Les plateformes et accès aux blockhaus présentent des risques de chute mortelle.
- Passages étroits : Les couloirs et ouvertures peuvent piéger les visiteurs imprudents.
Munitions non explosées
Le littoral de Wissant recèle encore de nombreux engins explosifs datant de la guerre :
- Des opérations de déminage sont régulièrement organisées, avec cinq interventions en moins de trois ans.
- Les mines anti-char découvertes récemment contenaient l’équivalent de 13,8 kg de TNT.
- Les grandes marées de mars-avril favorisent la découverte de ces vestiges dangereux.
- L’érosion côtière fait remonter continuellement de nouveaux engins explosifs enfouis dans le sable.
Pourquoi certaines zones restent interdites ?
Décision municipale de sécurisation
Face aux risques croissants, la commune de Wissant a pris des mesures drastiques :
- Démolition de huit blockhaus principaux entre 2011 et 2013, financée à 80% par l’État.
- Interdiction d’accès aux structures restantes jugées dangereuses.
- Mise en place de barrières et de panneaux d’avertissement.
- Surveillance renforcée pendant la saison touristique.
Sites particulièrement sensibles
La Mine d’Or, au nord de Wissant, reste un secteur particulièrement réglementé :
- Plus de 60 bunkers répartis sur le site.
- Interdiction formelle de visite sans accord du propriétaire.
- Présence d’anciennes batteries de canons de 150 mm.
- Risques multiples : effondrement, munitions, ferrailles.
Les conséquences de l’érosion marine
L’érosion du trait de côte aggrave continuellement la situation :
- Le littoral recule de 3 mètres par an sur certaines zones.
- Les blockhaus, initialement dans les dunes, se retrouvent désormais en mer.
- Le désensablement révèle régulièrement de nouveaux vestiges dangereux.
- Les tempêtes exposent des structures jusqu’alors protégées.
Recommandations pour les visiteurs
Zones à éviter absolument
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Les abords immédiats des blockhaus encore debout.
- Les secteurs balisés par les autorités.
- Les zones de fouilles archéologiques.
- Les périmètres de sécurité temporaires lors des opérations de déminage.
Comportements à adopter
Pour profiter en toute sécurité des plages de Wissant :
- Respecter scrupuleusement la signalisation et les interdictions.
- Ne jamais escalader ou pénétrer dans les structures militaires.
- Signaler immédiatement toute découverte d’objets suspects aux autorités.
- Se tenir informé des opérations de déminage planifiées.
- Privilégier les zones surveillées et autorisées à la baignade.
L’héritage complexe du Mur de l’Atlantique
Wissant était un point stratégique majeur du système défensif allemand, avec huit points fortifiés construits durant l’Occupation. Si ces vestiges constituent un patrimoine historique indéniable, leur état de dégradation et les risques qu’ils représentent justifient pleinement les mesures d’interdiction mises en place par les autorités locales.
La sécurité des visiteurs prime aujourd’hui sur la conservation patrimoniale, comme l’illustre la décision municipale de démolir les structures les plus dangereuses. Cette approche pragmatique permet de préserver l’attractivité touristique de Wissant tout en éliminant les principaux facteurs de risque pour le public.
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