Dans toutes les villes, les commerçants contraints de fermer, montent au créneau, soutenus par leurs élus locaux. Mais face à l’État, le rapport de force apparaît, pour l’heure, inégal.
Partout sur la Côte d’Opale, et en réalité dans tout le pays, les petits commerces dits non essentiels crient à l’injustice et se rebellent.
Pétition à Calais, commerçants dans la rue au Touquet, banderole explicite à Boulogne d’une gérante d’enseigne de la rue Victor-Hugo (notre photo), les coups d’éclat se multiplient.
En cause, leur obligation de fermeture d’un côté, l’ouverture des grandes surfaces de l’autre, ces dernières continuant à vendre ces mêmes produits dits non essentiels (à l’exception des livres, après que les libraires indépendants sont montés au créneau vendredi).
Au moins, ces petits patrons indépendants bénéficient du soutien unanime des élus locaux, soucieux de l’attractivité de leur centre-ville, déjà mis à mal ces dernières années.
Quelques-uns ont même pris un arrêté municipal autorisant l’ouverture des commerces précités.
À Boulogne-sur-Mer, le maire Frédéric Cuvillier menace de le prendre.
Problème : ces arrêtés sont manifestement illégaux, car contraires au décret ministériel du 29 octobre imposant lesdites fermetures.
Les préfets du Nord et du Pas-de-Calais l’ont d’ailleurs clairement rappelé ce week-end : de tels arrêtés seraient sans fondement légal et attaqués devant le tribunal administratif.
De quoi refroidir l’ardeur de nos édiles.
Dans le même temps, l’État s’est engagé à effectuer - rapidement - des contrôles pour s’assurer que la grande distribution se limite bien à la vente des produits de première nécessité, en tout cas ceux énumérés dans le décret.
Pour venir en aide aux petits commerçants, vous pouvez quand même opter pour le click & collect pour ceux qui le proposent (possibilité d’acheter en ligne et de récupérer la commande en magasin), ou aller sur le site achetezenboulonnais.fr, où de nombreux commerçants sont inscrits ( à Calais, c’est Mon shopping, c’est Calais, etc).
Reste que l’on comprend mal la cohérence de tout ceci.
Que, dans un pays comme la France, on ne puisse plus se rendre dans un magasin pour acheter... un livre.
N’y a-t-il pas d’autres mesures envisageables pour - mieux - lutter contre la Covid-19 ?
Le mot de la fin d’un lecteur, lui-même commerçant : « Nous saurons nous souvenir de nos statuts de non essentiels, lorsque nous devrons payer nos charges, TVA et autres taxes ».