Sur la Côte d’Opale, la lutte contre l’érosion influe sur la biodiversité

Partagé le 13/08/2021

Dans la baie de Wissant, une digue, construite pour enrayer le recul du trait de côte, pourrait affecter l’environnement et les espèces locales.

Plus de 300 mètres : voilà ce que la mer a, en l’espace de soixante-dix ans, grignoté par endroits dans la baie de Wissant, sur la Côte d’Opale (Pas-de-Calais). Cet espace naturel, bordé de dunes et classé Grand Site de France, qui s’étend sur une douzaine de kilomètres au sud de Calais, subit de plein fouet l’érosion. Le recul du trait de côte, qui s’explique en partie par le réchauffement climatique, de 4 à 5 mètres en moyenne chaque année, y est l’un des plus rapides du littoral français.

Selon les données disponibles sur le portail gouvernemental GéoLittoral, près de 20 % du trait de côte naturel est en recul à l’échelle nationale, et environ 30 kilomètres carrés de terres ont disparu en l’espace de cinquante ans au niveau des secteurs en recul.

Au centre de cette baie, derrière un cordon dunaire désormais très réduit, se trouvent le marais de Tardinghen – un réservoir de biodiversité inscrit à l’inventaire national du patrimoine naturel pour son intérêt écologique, faunistique et floristique – et quelques habitations. L’érosion menace l’ensemble. Dans un dossier envoyé en novembre 2020 à ses administrés, le maire de la commune, Thibaut Segard, assurait que, « sans aménagement », le marais « deviendra[it] la plage entre maintenant et cinq ans au maximum ». Il évoquait aussi les habitations « en sursis » et présentait sa « solution provisoire » pour « retarder au maximum l’entrée de l’eau de mer » dans la zone : la pose, devant la dune, d’un linéaire de défense en bois.

Fin juin, mission accomplie : les 500 mètres de modules de bois sont là, remplis de sable et de galets, alignés le long de la dune sur des hauts de plage préalablement décaissés de quelques dizaines de centimètres.

Inquiétude pour le grand gravelot

Pourtant, si le dossier d’aménagement, financé par la communauté de communes de La Terre des 2 Caps, a reçu un avis favorable des services de l’Etat, le dispositif ne fait pas l’unanimité. « On est sur un site Natura 2000, c’est-à-dire une zone de protection spéciale pour les oiseaux », pointe Nathan Legroux, chargé d’études faune au sein du Groupe ornithologique et naturaliste (GON) du Nord - Pas-de-Calais. La doctrine « éviter, réduire et compenser l’impact sur l’environnement » doit donc – ici encore plus qu’ailleurs – y être appliquée, ce qui implique en premier lieu d’« éviter d’intervenir en période de nidification sur des sites d’importance », fait-il valoir.