Balade naturaliste au cap Gris-Nez, pour une plongée dans le Jurassique

Partagé le 10/08/2023

Les thèmes de visite ne manquent pas pour découvrir le cap Gris-Nez, un incontournable de la Côte d’Opale. Que vous soyez plutôt du genre balade historique, ornithologue dans l’âme ou bien amateur de vagues ou de bateau, vous trouverez largement votre compte sur les chemins balisés. Mais si toutefois vous voulez tenter une nouvelle expérience, rendez-vous en contrebas de la falaise pour une promenade naturaliste.

Nous avons rendez-vous avant la marée, sur le parking dit «de la Sirène» (d’après le restaurant voisin surplombant la plage) avec Francine Vanghent, une guide naturaliste qui arpente la Côte d’Opale depuis 35 ans. Elle nous amène vers la plage. On commence par un coup d’œil sur le paysage, étonnant, dégagé avec le trait de côte caché derrière une barrière rocheuse. On reconnaît la tête d’un phoque gris, qui émerge de l’eau. Très vite toutefois, notre regard se porte sur le sol.

Une plage du Jurassique

Notre guide commence par nous expliquer que les roches de cette plage datent du Jurassique : d’il y a 140 millions d’années. Après une description des types de roches que l’on y retrouve, Francine ramasse une pierre. Celle-ci présente un petit trou dans l’une de ses extrémités  : « On appelle ça un galet porte-bonheur. Le trou a été fait par une pholade, un mollusque qui creuse la roche pour s’abriter ». Quelques mètres plus loin, Francine s’exclame, elle vient de trouver un fossile étonnant. Il est pour moitié trigonie (un mollusque préhistorique) et pour l’autre sédimentaire, « si cela ne vous fait rien je vais le garder pour l’étudier celui-là », dit-elle en souriant.

« Vous pouvez venir tous les jours, vous n’aurez jamais le même paysage »

En poursuivant notre observation vers la laisse de mer, nous découvrons toutes sortes d’algues : à la fois des algues rouges qui ont été décrochées par la tempête en mer et des algues à sushis, utiles, comme leur nom l’indique, pour la cuisine japonaise.

Sous les rochers, on observe de belles anémones rouge rosées. On peut les toucher, mais avec délicatesse, et en évitant les tentacules qui peuvent, comme leurs cousines lointaines les méduses, vous laisser un petit souvenir. « Habituellement, quand on vient avec des groupes d’enfants, on cherche des petites crevettes pour nourrir les anémones », poursuit Francine Vanghent.

Plus loin, nous découvrons des capsules de raies, « la mère expulse cette capsule, c’est une sorte d’œuf, puis celui-ci vogue dans l’eau, jusqu’à son éclosion. Nous découvrons d’abord celle d’une raie bouclée puis une plus spéciale  : « On voit bien la différence, celle-ci est cornée, la soudure du côté n’est pas la même... Je vais l’emmener pour l’identifier  ! ».

De drôles de roches

Après ces quelques moments passés sur la plage, on finit par remarquer ces alignements de roches verticaux, parallèles et continus qui parcourent la plage et que la marée descendante laisse apparaître. Ces lignages rocheux correspondent à des strates qui apparaissent également dans les falaises entourant la plage  : « Ce sont les traces d’un double plissement tectonique », indique Francine, géologue de formation, un petit sourire aux lèvres. Cette activité datant du Jurassique est une trace qui met en évidence l’épisode tectonique responsable du soulèvement des reliefs du Boulonnais et de l’Artois.

En prenant un peu de hauteur, grâce au GR 120 qui remonte la falaise, on aperçoit mieux ces formes dessinées par les roches. Le spectacle vous semblera presque irréel ou en tout cas, il changera assurément votre regard sur ce cap bien connu.