Depuis 2013, l'église d'Audinghen se fissure peu à peu. Ce bâtiment en béton classé monument historique est en proie à des infiltrations qui fragilisent sa structure. Mais pour le conserver, les travaux s'élèveraient à près de 3 millions d'euros, une somme que cette petite commune ne peut assumer, cherchant désespérément des solutions de financement.
Une structure qui ne passe pas inaperçu. À Audinghen, commune de 600 habitants située sur la Côte-d'Opale, l'église Saint-Pierre étonne par la structure de son campanile, une tour en béton ultramoderne de 33 mètres de haut, qui s'apparente à une voile de bateau. Un choix esthétique qui divise, mais qui n'empêche pas cette église d'avoir été classée monument historique en 2006.
Unique en son genre, le bâtiment construit par l'architecte boulonnais Alexandre Colladant en 1960 pourrait toutefois disparaître. En 2013 des fissures sont apparues dans le béton du campanile, détaché de l'église mais situé à seulement quelques mètres. Emmailloté dans un filet pour éviter la chute de pierres, le clocher souffre d'une "maladie du béton".
L'église fermée aux visites
"Le béton est une matière qui laisse passer l'eau. À cause des fortes pluies qu'on a par ici, l'humidité passe à travers la matière jusqu'aux armatures en fer, qui sont assez proches de l'extérieur. Sous cet effet le fer rouille et fait éclater le béton, ce qui fragilise la structure", détaille le maire d'Audinghen, Marc Sarpaux.
Malheureusement cette maladie architecturale s'étend peu à peu vers le bâtiment principal de l'église. Il y a quelque temps, l'édile et la paroisse ont constaté une fissure de 50 cm sur une des corniches du lieu de culte, qui continue de s'aggraver.
Une menace pour les fidèles réunis à l'intérieur de l'église, qui a forcé la mairie, en consultation avec le diocèse, à fermer le bâtiment aux visiteurs la semaine dernière et de mettre en place un périmètre de sécurité à l'extérieur. "On a préféré interdire les visites libres car un visiteur peut toujours se mettre en danger en ne respectant pas les distances de sécurité".
L'église reste cependant ouverte pour les célébrations particulières ou pour les messes, mais un périmètre de sécurité reste à respecter à l'intérieur aussi.
Une conservation onéreuse
Pour remédier à ces craquelures, deux options sont envisageables : démonter et reconstruire le campanile en l'état, avec des matériaux et une architecture stricts puisque le bâtiment est classé. Une solution coûteuse (3,7 millions d'euros) et complexe d'un point de vue architectural. Ou autre option, plus considérée par la mairie : injecter de l'électricité "ad vitam eternam" dans la structure en fer pour l'empêcher de rouiller et combler les trous déjà présents avec un carottage.
Malgré le coût que représente l'énergie en ce moment, cette seconde projection resterait plus rentable pour la commune. Seul problème : le montant de la facture serait tout de même de 2,5 millions d'euros, ajoutés aux 220 000 déjà engagés pour les travaux d'expertise.
Marc Sarpaux espère dès lors recevoir un coup de pouce à base de nouvelles subventions, de dons, ou d'une aide de l'animateur Stéphane Bern. "Ça fait trois années consécutives qu'on envoie un dossier sans retour positif. Je sais que l'architecture est moderne, qu'il ne s'agit pas de vieilles pierres, mais l'aide financière pourrait vraiment sauver cette église certes atypique, mais classée."
La mairie adressera donc un nouveau dossier cette année. Mais en attendant un retour, l'édile insiste sur le fait que "toutes les bonnes volontés seront bien accueillies" pour sauver cette église bien connue de la Côte-d'Opale.
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