Mordus par un phoque, piégés par un filet de pêche... qu'est-il arrivé aux trois requins retrouvés échoués vers Sangatte (Pas-de-Calais) ? Réponse avec un expert.
Trois requins ont été retrouvés échoués sur la plage entre Blerriot-Plage et Sangatte (Pas-de-Calais) vendredi 13 juin 2025, indiquait alors Voix du Nord. Une information confirmée par Romain Merlen, président de l’ONG calaisienne Marine life Channel. Ce sont précisément trois émissoles tachetées qui ont été découvertes par les bénévoles de l’association. On vous en dit plus.
Coincés par des filets fantômes ?
Cette espèce de requin est reconnaissable par ses petites taches claires sur le dos. Les individus mesurent en moyenne 1,40 m à l’âge adulte. Les trois requins retrouvés sur la Côte d’Opale sont des jeunes adultes de 79 cm, 83 cm et 94 cm. Plus inquiétant, des traces de morsures au niveau de la nuque ont été repérés par l’ONG. « Ils ont dû se retrouver coincés dans des filets de pêche ou se faire croquer par un phoque », estime Romain Merlen.
Vivant principalement dans les fonds marins, ces requins peuvent facilement se retrouver coincés dans des filets fantômes, des engins de pêche abandonnés ou perdus. Plus de 600 000 tonnes de ce matériel se retrouvent dans les océans chaque année, représentant 10% de la pollution plastique maritime.
Une espèce victime de la pêche
Les émissoles sont aussi victimes de la pêche industrielle, notamment du chalutage de fond. « Il n’y a pas de taille de capture réglementaire. C’est au bon vouloir des pêcheurs. Le problème de ces pêches, c’est qu’elles ne sont pas sélectives. Ils font le tri à bord et rejettent les espèces à l’eau. Mais souvent, elles sont mortes, étouffées par la masse de poissons ou par le fait d’être à l’air libre », explique Romain Merlen.
Avec une maturité sexuelle arrivant sur le tard, la population des émissoles se retrouve sur la pente déclinante. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), les données concernant l’émissole tachetée ne sont pas suffisantes pour déterminer s’il s’agit d’une espèce menacée à l’échelle de la France.
Contre l’appellation « saumonette »
Cette espèce est par ailleurs commercialisée sous l’appellation « saumonette », c’est-à-dire vendues sur les étals sans leur peau ni leur tête. L’ONG milite notamment pour retirer cette appellation afin d’instaurer un étiquetage plus fiable. Mais Romain Merlen le répète, il ne se positionne pas contre les pêcheurs. « On défend la pêche artisanale et respectueuse de l’environnement. Une aire marine protégée, c’est plus de biodiversité et des espèces plus volumineuses », conclut-il.
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