Pourquoi la Côte d'Opale n'en finit plus de déminer ses plages

Partagé le 09/11/2025

De la petite grenade à des obus de 155 mm, les plages des Hauts-de-France font régulièrement remonter des munitions datant de la Seconde Guerre mondiale. La commune côtière d'Oye-Plage a été un centre d'enfouissement de milliers de munitions des deux conflits mondiaux.

Le 5 novembre dernier, les badauds qui se promenaient sur la digue de Wimereux (Pas-de-Calais) ont été surpris par une détonation, assortie d'un panache de fumée dans le ciel. Les spécialistes du groupe de plongeurs-démineurs de la Manche (GPD) venaient de procéder au déminage d'un engin enfoui sur cette plage de la Côte d'Opale.

Le 8 octobre, sur la plage de Wissant, un peu plus au Nord, le GPD était intervenu sur une opération un peu plus lourde : le déminage de cinq blocs de défense datant de la Seconde Guerre mondiale, sans doute des vestiges du mur de l'Atlantique. Il a fallu évacuer un camping, fermer des routes et confiner 800 habitants chez eux pendant une matinée. Les militaires ont fait exploser les blocs de béton qui contenaient quatre obus de 270 mm et deux mines antichars, qu'ils ont détruits en mer.

Déminages

« Les grandes marées et les tempêtes qui emmènent du sable font régulièrement remonter à la surface des engins et des munitions de différentes tailles », souligne Teddy Lauby directeur général des services de la mairie d'Oye-Plage, au nord de Calais. La commune procède régulièrement à des déminages. Le dernier a eu lieu il y a trois semaines, pour des engins nécessitant juste la fermeture de la plage des Escardines.

« Le trait de côte ayant reculé, nous devons procéder au renforcement du cordon dunaire avec du sable, un programme qui va s'étaler sur dix ans », explique Guy Vermersch, l'adjoint au maire chargé de l'environnement. D'autant qu'un lotissement se trouve derrière la dune. Il faut avant cela s'assurer du déminage de la zone où le sable va être prélevé et de celle où les engins de chantier vont le ramener.

Stocks de munitions enfouis

Non seulement le secteur a été lourdement bombardé par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais « après la fin du conflit, la plage des Escardines a été un centre d'enfouissement de stocks importants des munitions des deux guerres mondiales. Le lieu était alors très sauvage », explique Teddy Lauby.

Le diagnostic de pollution pyrotechnique que la Communauté de communes de la région d'Audruicq (CCRA) a fait réaliser en avril sur cette plage a détecté 1.537 « anomalies magnétiques », pouvant s'apparenter à des ferrailles, des bombes d'aviation de 100 livres, des grenades ou encore des obus allant de 75 à 155 mm. La CCRA attend les autorisations de la préfecture pour que le GPD puisse intervenir sur ce site, une opération de dépollution qui sera partielle et qui est estimée à 345.000 euros.

Selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, dont le périmètre s'étend de la frontière belge jusqu'au Mont Saint-Michel, le GPD a déjà réalisé 90 opérations de déminage cette année, moitié en Hauts-de-France, moitié en Normandie.